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[Série technique] - Habitabilité des logements et confort d’été : les enseignements de la campagne de mesures RENOPTIM

Dans le cadre du projet RENOPTIM, le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) a mené une campagne de mesures in situ au sein de 76 logements durant l’été 2023. 

Cet article propose de synthétiser les grands apprentissages de cette instrumentation : quels sont les facteurs identifiés qui facilitent la surchauffe ? Comment se comportent les usagères et usagers et quel impact cela a sur leur confort en été ? 

La campagne de mesures : contexte et méthodologie

Déroulé de l’instrumentation

L’instrumentation s’est déroulée entre 2022 et 2025. Celle-ci a commencé par le recrutement des logements en 2022avec la participation de l’Agence Parisienne du Climat et du réseau CoachCopro pour le celui des logements privés, et celle de l’Union Sociale pour l’Habitat (USH) et de bailleurs volontaires pour les logements sociaux.

Les années 2023 et 2024 ont été consacrées au recueil de la donnée (été 2023) et à son analyse. Enfin, les livrables ont été finalisés et restitués en 2025.

Description du panel de logements

Localisation et typologie des logements

Au total, 76 logements ont été recrutés dans 3 territoires différents : 

  • En Île-de-France : 50 % des logements du panel avec essentiellement des logements en copropriété ; 

  • En Gironde : 20 % des logements avec une répartition équitable entre logements privés et sociaux ; 

  • Dans le Sud-Est : 30 % des logements avec essentiellement des logements sociaux.  

L’ensemble des logements étaient localisés en milieu urbain. Leurniveau d’isolation et leur étiquette DPE varient beaucoup d’un logement à l’autre.

Graphique montrant la répartition des logements en fonction de leur territoire et de leur étiquette DPE
Répartition des logements instrumentés en fonction de leur période de construction et de leur étiquette DPE. © CSTB

Équipement des logements du panel en matière de confort d’été

  • La grande majorité des logements sont équipés avec des protections solaires extérieures de type volets roulants, et ce, dans les 3 territoires ; 

  • La majorité des logements sont équipés avec un ventilateur mobile.

Répartition des logements en fonction de leur territoire et de leur équipement en protections solaires
Les logements instrumentés sont plutôt équipés de protections solaires dans les 3 territoires. © CSTB
Graphiques montrant la répartition des logements en fonction de leur territoire et de leur possession d'équipements de confort en été
Les logements instrumentés sont plutôt équipés de protections solaires dans les 3 territoires. © CSTB

Synthèse de l’échantillon

On retrouve dans les 3 territoires des logements avec des profils d’occupantes et occupants différents ainsi que des typologies de bâtiment variées 

Aussi, il est important de noter que le climat local était très différent d’un territoire à un autre, avec notamment des vagues de chaleur intenses dans le Sud-Est

Tableau synthétisant les caractéristiques des logements instrumentés
Synthèse de l'échantillon de logements instrumentés. © CSTB

Quelles mesures ont été réalisées ?

  • Mesures en continu sur l’été 2023, grâce à des capteurs permettant de relever les conditions environnementales intérieures et extérieures, les consommations énergétiques, l’utilisation des ouvrants et des protections solaires, etc. 

  • Relevés de terrain et entretiens avec les occupantes et occupants permettant de recueillir des informations sur les caractéristiques du bâtiment ainsi que sur les habitudes de vie et les motivations de certains comportements. Recueil du ressenti via des « BOX confort » : comment se sentent les occupantes et occupants à différents moments de la journée, comment sont-ils vêtus, etc. 

Les grands apprentissages de la campagne

Le confort d’été : quel lien entre les facteurs environnementaux et le ressenti des usagères et usagers ?

Les données environnementales recueillies par les capteurs ainsi que les réponses aux BOX confort ont été mises en relation afin de comprendre comment l’environnement influence le confort d’été des occupante et occupants.

Au total, ce sont plus de 17 000 données qui ont été analysées.

Voici quelques conclusions que l’on peut tirer de ces analyses. 

Lien entre température et inconfort thermique

L’inconfort thermique a tendance à augmenter lorsque la température intérieure augmente, et ce, dans les 3 territoires.

En Gironde, le seuil de tolérance est légèrement plus faible. Cela peut s’expliquer par le taux d’humidité plus important dans cette région. 

Quel impact sur le sommeil ?

70 % du panel voit son sommeil impacté par la chaleur sur l’ensemble de la période estivale, voire 85 % en période de canicule.

Pour ¼ du panel, il était même « très difficile de dormir à cause de la chaleur », et ce sur toute la période estivale. 

Une cohérence entre les seuils d’inconfort observés et les seuils définis dans la RE2020

D’après les réponses aux BOX confort, il semble qu’en moyenne, le seuil d’inconfort léger se situe à 26 °C, ce qui correspond à la limite basse du seuil de la RE2020, et le seuil d’inconfort élevé se situe à 28 °C, soit la limite haute du seuil de la RE2020. 

Il est intéressant de noter que lorsqu’il y a une canicule, les seuils de tolérance ont tendance à augmenter : cela témoigne d’une adaptabilité des occupantes et occupants, qui ont une certaine capacité à s’acclimater à l’environnement. 

Comparaison à l’indicateur réglementaire : le Degré Heure

Le Degré Heure (DH)est un indicateur permettant de mesurer l’inconfort thermique : il s’agit du cumul d’heures durant lesquelles la température dépasse un certain seuil de confort en termes de température à l’intérieur du logement.

Cet indicateur a été créé dans le cadre de la RE2020 afin de mesurer le confort des constructions neuves. 

Deux seuils de DH ont été définis :  

  • 350 DH :  seuil de confort acceptable : cela correspond environ à 1 semaine d’inconfort par an ; 

  • 1250 DH : seuil de confort critique qui correspond à environ 4 semaines d’inconfort par an. 

Dans le cadre de l’instrumentation, l’indicateur de DH a été calculé dans chaque logement afin de déterminer à quel point celui-ci est soumis à la surchauffe et donc à quel point il est inconfortable. 

Il s’avère qu’une dizaine de logements dépassent 1 250 DH : ces derniers sont localisés essentiellement dans le Sud-Est. 

Graphique montrant le niveau d'inconfort des logements avec un indicateur DH
Selon les logements, l'indicateur confort d'été en Degré Heure varie fortement. Les logements les plus inconfortables sont ceux situés dans le Sud-Est où le seuil de 1250DH est dépassé plusieurs fois. Ce n'est jamais le cas en Gironde. © CSTB

Facteurs explicatifs de la surchauffe dans les bâtiments

Le climat local

L’instrumentation menée par le CSTB montre que le principal facteur de surchauffe des logements reste le climat local : les bâtiments du Sud-Est sont ceux avec l’indicateur DH le plus élevé et c’est dans ce territoire que les vagues de chaleur ont été les plus intenses.

Autres facteurs de surchauffe

L’enveloppe du bâti et son isolation

En Ile-de-France, le Ubat semble exercer une influence sur l’inconfort : plus il est faible, plus le nombre de DH est faible.

Le Ubat correspond au coefficient de transmission thermique d'une paroi.

Plus il est élevé, plus la paroi est capable de laisser passer de la chaleur. il s'oppose à la résistance thermique R de la paroi. On améliore la résistance thermique d'une paroi avec un isolant.

La position du logement dans le bâtiment

Les derniers étages non isolés surchauffent davantage : plus le coefficient de transmission thermique du plancher haut est élevé, plus le DH est élevé.

La typologie du logement et notamment sa taille et sa disposition traversante

On constate une surchauffe accrue des petits logements (en Ile-de-France), notamment non traversants.

Zoom sur les logements identifiés en surchauffe dans le panel

  1. Le bâtiment 17 en Île-de-France : 

Au sein de ce bâtiment non isolé, 3 logements ont été instrumentés, dont 1 qui témoigne d’une forte surchauffe(logement 27).

Parmi les 3 logements instrumentés, le n° 27 est celui qui n’a pas de protections solaires extérieures.

Le logement  26, témoignant d’un bon confort d’étésans surchauffe particulière, est le seul qui est traversant

  1. Le bâtiment 36 dans le Sud-Est : 

Au sein de ce bâtiment non isolé, 2 logements ont été instrumentés.

Tous les deux sont soumis à une surchauffeet celle-ci est particulièrement importante dans le logement 69.

Les caractéristiques des logements sont les mêmes, mais le logement 69 a la particularité de posséder une loggia orientée ouest, sans protections solaires.

De plus, les occupantes et occupants laissent leurs volets fermés la nuit: cela limite de manière conséquente le rafraîchissement nocturne.

Aussi, le logement n° 69 se situe à un étage plus haut et capte donc plus de soleil en journée.

Zoom sur les logements identifiés en surchauffe dans le panel
Comparaison des logements au sein des bâtiments 17 et 36 afin de comprendre les différences de confort en été au sein des logements instrumentés. © CSTB

Interactions des occupantes et occupants avec le bâti

L’étude montre une grande diversité des comportements des habitantes et habitants, dont voici les principales conclusions :

Ouverture des fenêtres

L’instrumentation montre que les occupantes et occupants adoptent globalement (à 70 %) un comportement adaptatif en période caniculaire avec la mise en place d’une ventilation nocturne : ouverture des fenêtres la nuit et fermeture en journée.  

Fermeture des protections solaires

En période de canicule, plus d’1/3 des protections solaires sont tout le temps fermées. On constate une ouverture plus systématique des volets roulants la nuit, notamment en période caniculaire 80 % des occupantes et occupants disent avoir gardé leurs volets ouverts pour faciliter la ventilation nocturne.

Utilisation des ventilateurs

Les ventilateurs mobiles sont davantage utilisés la nuit, de manière corrélée avec l’augmentation de la température intérieure.

En conclusion

L’instrumentation réalisée dans les 76 logements permet de mettre en évidence des pistes de réflexion quant au confort d’été dans les logements.  

Les grands apprentissages de cette campagne de mesures sont les suivants :

La surchauffe dans un logement est multifactorielle

Elle dépend notamment du microclimat, des caractéristiques du bâtiment et du logement, ainsi que du comportementdes occupantes et occupants du logement.

Comment améliorer son confort ?

À la suite de cette instrumentation, le CSTB identifie plusieurs recommandations pour améliorer le confort d’été dans les logements et lutter contre la surchauffe estivale :  

  • Installer des protections solaires claires ; 

  • Isoler les toitures en ITE, les logements des derniers étages étant plus propices à la surchauffe ; 

  • Utiliser des brasseurs d’air / ventilateurs. Il est intéressant de noter que la consommation électrique des climatiseurs mobiles est 10 fois plus importante que celle des ventilateurs ! 

Graphique montrant la consommation des logements au niveau de leurs équipements de confort
Les logements ayant utilisé la climatisation consomment bien plus que ceux qui ont utilisé des ventilateurs uniquement. © CSTB

Ressources pour aller plus loin

Le CSTB a rédigé un document permettant de faire une synthèse des connaissances sur la surchauffe dans les logements français, les différents moyens d’évaluer le confort thermique ainsi que les moyens d’actions à disposition des habitantes et habitants : Confort thermique estival, Surchauffe, Adaptation - Etat de l'art RENOPTIM - Pro’Réno. 

Aussi, le CSTB a réalisé ces 6 capsules vidéo vous permettant d’adopter les bons gestes en période estivale afin de limiter la surchauffe de votre logement :