Evolution du coefficient de conversion de l'électricité : quels impacts sur les DPE ?
A partir du 1er janvier 2026, le facteur de conversion de l’énergie finale en énergie primaire pour l'électricité passe de 2,3 à 1,9. Revenons sur la méthode et les impacts attendus pour les ménages français.
Qu'est-ce que le coefficient de conversion de l'électricité ?
La mesure des consommations d'énergie
L’énergie finale correspond à l’énergie effectivement consommée par l’usager (elle correspond à l’énergie facturée) comptée à l'entrée du logement, au compteur.
L’énergie primaire quant à elle, correspond à l’énergie dite "prélevée dans la nature avant toute transformation". Elle prend donc en compte non seulement la production, mais aussi le transport de l’énergie et les pertes sur le réseau.
La réglementation impose un affichage des données de consommation en énergie primaire afin de permettre une prise en compte plus complète de leur impact environnemental. C'est une règlementation imposée aux Etats de l'Union Européenne, qui sont chacun libres de fixer leurs propres taux de conversion entre énergie primaire et énergie finale, pour chaque source d'énergie.
La situation en France jusqu'au 31 décembre 2025
En France, le facteur de conversion en énergie primaire est fixé de manière conventionnelle à :
- 1 pour le gaz, le fioul, le bois, et la majorité des réseaux de chaleur urbains ;
- entre 0 et 0,5 pour les énergies renouvelables, selon la nature de la ressource et son mode de valorisation ;
- 2,3 pour l'électricité.
L’électricité est la seule énergie dont le facteur est supérieur à 1, c'est à dire que pour 1 kWh consommé par un ménage (et facturé), on considère 2,3 kWh d'énergie nécessaires en amont du compteur. C'est dû aux rendements énergétiques variables de la production (centrales nucléaires, centrales thermiques, ou énergies renouvelables) et surtout aux pertes lors de l'acheminement.
Pourquoi et comment ce coefficient évolue en 2026 ?
Un coefficient de conversion élevé uniquement pour l'électricité induit une dévalorisation directe du bien vis à vis de son Diagnostic de Performance Energétique (DPE). Pour un logement entièrement chauffé à l'électricité, sa consommation est multipliée par 2,3 par rapport à un identique chauffé au gaz. Cela donne 2 conséquences directes :
- De nombreux ménages en France ont des DPE F ou G, considérés comme des passoires thermiques et soumis à des restrictions de vente ou de mise en location ;
- Ces biens sont ainsi dévalorisés sur le marché immobilier.
Baisser le coefficient de conversion de l'électricité revient donc à moins dévaloriser le recours à l'électricité pour le chauffage, et à faire sortir un certain nombre de logements du statut de passoire thermique.
En 2021, à l'occasion de la réforme du DPE, le coefficient de conversion de l'électricité a déjà évolué en passant alors de 2,58 à 2,3.
Le 1er janvier 2026, ce coefficient baissera à nouveau de 2,3 à 1,9.
Quels impacts attendus de cette nouvelle réforme ?
Des changements de note DPE à prévoir
L’abaissement du facteur de conversion de l’électricité en énergie primaire, de 2,3 à 1,9, entraîne mécaniquement une réduction d’environ 17 % de la consommation énergétique affichée dans le DPE pour les logements en chauffage électrique (incluant également l’eau chaude sanitaire électrique). Cette évolution peut ainsi améliorer la note énergétique d’un logement, voire permettre une sortie du statut de passoire thermique (classé F ou G).
L’évolution de la note DPE après la réforme est variable d’un logement à un autre. Elle dépend notamment du niveau de consommation initial, de la sa taille et de son mode de chauffage. Ainsi, certains logements pourront sauter une classe voire deux pour les petits logements bien que rare, tandis que d’autres logements resteront dans la même classe énergétique.
Exemple
Un logement diagnostiqué F avec une consommation de 370 kWhep/m²/an. A partir du 1er janvier 2026 ce même logement bascule en étiquette E avec une consommation de 307 kWhep/m²/an, et sort du statut de passoire thermique.
En France, d’après le ministère de l’Économie et des Finances, la réforme permettrait de sortir 850 000 logements sur les 4,8 millions de passoires thermiques diagnostiquées, soit une baisse d’environ 18%.
(source : https://www.economie.gouv.fr/actualites/un-nouveau-dpe-au-1er-janvier-2026-pour-favoriser-le-chauffage-electrique#) .
A Paris, sur le parc diagnostiqué F ou G (138 531 logements), cette réforme permet de sortir environ 35% des logements du statut de passoire thermique :
- 33% des logements G basculent en classe énergétique F ;
- 64% des logements F basculent en classe énergétique E ;
- 35% des logements E basculent en D ou C.
Vers l'électrification des modes de chauffage ?
Cette réforme vise à accélérer la décarbonation du parc résidentiel, en encourageant le recours à des énergies de chauffage décarbonnées. En France, le mix énergétique étant majoritairement peu carbonné, l'Etat cherche donc à favoriser le recours à l'électricité, notamment à travers les pompes à chaleur (PAC), les systèmes hybrides ou les énergies renouvelables.
Si la réforme permet une amélioration de la note DPE, voire une sortie du statut de passoire thermique sur le papier, elle n’a en revanche aucun impact réel sur le niveau de confort des occupants ni sur le montant de leurs factures d’énergie. En effet, cette évolution résulte d’un ajustement méthodologique du calcul de la consommation énergétique. Malgré un meilleur affichage, la qualité intrinsèque du logement reste inchangée.
Si votre système de chauffage actuel dispose d'une distribution en eau chaude (avec des radiateurs alimentés par une chaudière gaz par exemple) il semble préférable de conserver ce système, et de chercher à y adosser une production moins carbonée. A minima en copropriété, visez l'hybridation avec une pompe à chaleur, le raccordement à un réseau de chaleur ou encore la géothermie.
Comment agir pour mon logement ou ma copropriété ?
À partir du 1er janvier 2026, les nouveaux DPE intégreront automatiquement cette évolution du facteur de conversion de l’électricité. Pour les DPE établis avant cette date, tout propriétaire pourra télécharger gratuitement une attestation officielle mentionnant la nouvelle étiquette DPE sur le site de l’ADEME, en saisissant le numéro de son diagnostic. Cette attestation remplacera l’étiquette précédente, sans modifier ni la durée de validité du DPE, qui reste de 10 ans, ni son usage lors d’une transaction immobilière ou d’une mise en location.
Au-delà de votre étiquette, vous souhaitez gagner en confort et en dépenses énergétiques ? Engagez votre copropriété dans une démarche de rénovation globale en vous inscrivant gratuitement sur CoachCopro, ou en contactant votre Espace Conseil France Rénov'.