[Série technique] - Comment concilier rénovation énergétique, végétalisation et préservation de la biodiversité ?

Rénover, c’est améliorer le confort, réduire les consommations… mais c’est aussi l’occasion de préserver la petite faune qui vit déjà sur votre immeuble. Hirondelles, chauves-souris ou insectes pollinisateurs trouvent parfois refuge dans les interstices du bâti.

Quelques gestes simples — repérage en amont, travaux en dehors des périodes sensibles, installation de nichoirs — permettent de concilier rénovation énergétique et protection de la biodiversité. Des solutions accessibles, valorisantes… et compatibles avec un projet bien mené !

Les façades, toitures et autres éléments architecturaux des immeubles parisiens servent souvent de refuges à une faune discrète mais essentielle : martinets, hirondelles, chauves-souris, et bien d'autres espèces y trouvent abri et lieux de reproduction. Cependant, les travaux de rénovation, s'ils ne sont pas pensés avec cette dimension écologique, peuvent perturber ces habitats et mettre en danger ces espèces protégées.

Pour concilier rénovation énergétique et préservation de la biodiversité, il est crucial d'intégrer cette dimension dès les premières phases du projet. Cela implique :

• Un diagnostic écologique : identifier la présence d'espèces protégées et leurs habitats avant le début des travaux.

• Des solutions techniques adaptées : installer des nichoirs, préserver certaines cavités, ou encore végétaliser les toitures et façades.

• Une coordination avec les acteurs locaux : travailler en collaboration avec des écologues, des associations de protection de la nature et les services de la Ville de Paris.

1. Réperer et protéger les habitats existants

Avant de commencer les travaux, prenez le temps de vérifier la présence d'animaux, comme les hirondelles, les chauves-souris ou les insectes pollinisateurs. Ces espèces trouvent souvent refuge dans les toitures, les façades ou les espaces de rangement. Un simple repérage par un professionnel (écologue) peut vous aider à repérer des nids ou des fissures abritant la faune. Protéger ces zones pendant la rénovation permet d’éviter de perturber des habitats sensibles.

2. Adapter les travaux à la faune locale

Si votre immeuble abrite des espèces protégées, planifiez les travaux pour éviter les périodes sensibles de reproduction (par exemple, en ne procédant pas à des démolitions ou des travaux d’isolation en pleine saison de nidification). Cette précaution simple évite de perturber la faune tout en permettant de poursuivre le chantier de manière responsable.

3. Installer des aménagements écologiques

Intégrez des éléments favorables à la biodiversité dans vos rénovations. Par exemple :

• Nichoirs pour oiseaux : Fixez des nichoirs à martinets ou à hirondelles sur les façades ou sous les toitures.

• Ruches ou hôtels à insectes : Installez ces structures sur les balcons ou les murs extérieurs pour attirer les abeilles, les papillons et autres insectes pollinisateurs.

• Toitures et façades végétalisées : Si possible, aménagez des espaces verts sur les toitures ou les cours intérieures pour favoriser l’habitat des oiseaux, des insectes et autres petites espèces. La végétation aide également à réguler la température et améliore l’isolation thermique.

4. Favoriser la végétalisation des espaces communs

Dans les cours intérieures ou autour des bâtiments, privilégiez des plantations locales adaptées au climat parisien, comme des plantes mellifères ou des herbes aromatiques. Ces végétaux attirent les insectes pollinisateurs et contribuent à la biodiversité en ville. Vous pouvez aussi prévoir des bacs de plantation sur les balcons et terrasses.

5. Choisir des matériaux respectueux de l’environnement

Lors de la rénovation, optez pour des matériaux écologiques, comme le bois non traité, des peintures naturelles, ou des isolants biodégradables. Ces matériaux sont non seulement meilleurs pour la qualité de l’air intérieur mais aussi moins polluants pour l’environnement extérieur.

Oiseaux nicheurs dans le bâti

• Martinet noir (Apus apus)

• Hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum)

• Hirondelle rustique (Hirundo rustica)

• Moineau domestique (Passer domesticus)

• Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros)

• Chouette effraie (Tyto alba)

• Faucon crécerelle (Falco tinnunculus)

Mammifères protégés

• Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) (chauve-souris)

• Hérisson d'Europe (Erinaceus europaeus)

Insectes auxiliaires et pollinisateurs

• Abeilles solitaires (diverses espèces) (Andrena spp., Osmia spp.)

• Bourdons (Bombus spp.)

• Guêpes solitaires (Crabronidae spp.)

• Chrysomèles (Chrysomelidae spp.)

• Coccinelles (Coccinellidae spp.)

• Syrphes (Syrphidae spp.)

Amphibiens urbains

• Crapauds (Bufo bufo)

• Tritons (Triturus spp.)

Reptiles

• Lézard des murailles (Podarcis muralis)

Pour en savoir plus sur les espèces à protéger et les bonnes pratiques à adopter, vous pouvez consulter le guide complet de la LPO sur la biodiversité en ville ici

Qu’est-ce qu’un corridor écologique ?

Un corridor écologique est une bande de terrain qui relie des habitats naturels ou semi-naturels, permettant aux espèces de se déplacer, de se nourrir, de se reproduire et de maintenir une diversité génétique. Ces corridors sont cruciaux pour la survie des espèces, notamment en milieu urbain où les habitats sont souvent fragmentés.

Les corridors écologiques à Paris

La Ville de Paris a développé un Schéma des trames verte et bleue, également connu sous le nom de "Chemins de la nature". Ce schéma identifie les réservoirs urbains de biodiversité et les corridors écologiques qui permettent la circulation des espèces animales et végétales dans la capitale.

Exemples de corridors écologiques à Paris :

• La Petite Ceinture : Ancienne ligne de chemin de fer désaffectée, elle est devenue un corridor écologique reliant plusieurs quartiers de la capitale.

• Les berges de la Seine et des canaux : Ces espaces offrent des continuités écologiques propices à la biodiversité, permettant aux espèces de circuler dans la ville.

• Les rues végétales : Certaines rues ont été aménagées avec des plantations d'arbres et de végétation, créant ainsi des corridors verts qui facilitent la circulation de la faune urbaine.

Rôle des copropriétés dans les corridors écologiques

Les copropriétés jouent un rôle crucial dans le développement des corridors écologiques. En aménageant leurs espaces extérieurs (jardins, toitures, façades) avec des plantations locales et en favorisant la perméabilité des sols, elles peuvent contribuer à la création de continuités écologiques. Des actions simples, comme l'installation de nichoirs ou la plantation de haies mellifères, peuvent avoir un impact significatif sur la biodiversité urbaine.

Les corridors écologiques à Paris sont essentiels pour maintenir et développer la biodiversité en milieu urbain. La Ville de Paris, en collaboration avec les habitants et les associations, œuvre activement pour préserver et renforcer ces corridors. Les copropriétés ont un rôle à jouer dans cette dynamique en aménageant leurs espaces de manière à favoriser la circulation de la faune et de la flore.

Retrouvez ci-dessous la carte des trames verte et bleue de Paris

Chemins de la Nature

L'Agence Parisienne du Climat, via sa plateforme CoachCopro, accompagne les copropriétés dans leurs projets de rénovation énergétique en intégrant les enjeux de biodiversité. Des dispositifs tels que Éco-Rénovons Paris+ offrent un soutien technique et financier pour des projets alliant performance énergétique et respect de l'environnement. De plus, des initiatives comme CoprOasis encouragent la végétalisation des cours d'immeuble, contribuant ainsi à la création de micro-habitats favorables à la biodiversité urbaine.