National

Le biosourcé, toujours une bonne idée !

Friday 17 November 2023

 

Une fois les postes de travaux définis, il est important de s'intéresser aux équipements et matériaux utilisables. Cet article a pour objectif de vous décrire une liste non exhaustive de matériaux biosourcés, avec leurs caractéristiques et leurs performances.

 

Qu’est-ce que le biosourcé ?

Le terme biosourcé fait référence à un matériau ou un produit issu du vivant. Il provient de matières organiques (animale ou végétale) renouvelables. Les matériaux biosourcés sont notamment utilisés dans la construction et/ou l’isolation de bâtiments.

 

Il existe 2 grandes catégories de matériaux considérés "écologiques" : les matériaux naturels et les matériaux recyclés.

 

Les matériaux biosourcés naturels 

Les principaux matériaux biosourcés naturels sont :

 

  • Le bois

Ce matériau est utilisé depuis toujours pour la construction. Il peut être utilisé pour les structures porteuses (poutres, charpentes… etc.) comme pour l’isolation.

 

Le bois peut être broyé. Cela permet d’obtenir des copeaux de bois (bois en vrac). Ces derniers sont utilisés pour l’isolation des murs et des combles.

 

Il peut également être défibré. Cela permet d’obtenir de la fibre de bois. Cette dernière se retrouve ensuite, soit sous forme de panneaux de fibre de bois (rigide), soit sous forme de laine de bois. Les panneaux et laine de bois servent pour l’isolation des murs (intérieurs et extérieurs), les combles mais aussi des rampants de toiture.

 

Le bois présente de bonnes performances acoustique et thermique. Cependant, il se peut que la laine de bois ou le bois en vrac nécessitent un traitement chimique pour les conserver des insectes et de la moisissure.

 

  • La paille

La paille est également utilisée depuis longtemps ! De plus, c’est un matériau plutôt disponible en France.

 

Sous forme de botte (obtenue après fauchage), elle peut être utilisée pour le remplissage des murs et de la toiture ou encore, pour l’isolation thermique des murs par l’extérieur.

 

Mélangée à de la terre, la paille en vrac devient un enduit qui peut servir au revêtement de façade (intérieur et extérieur).

 

Aussi, il existe des panneaux de paille compressée. Ces derniers peuvent s’appliquer à l’isolation des murs par l’intérieur, des plafonds ou encore des rampants de toiture. Ils peuvent également servir de cloisons intérieures. Néanmoins, l’usage des panneaux de paille est déconseillé en zone humide.

 

La paille, comme le bois, est un très bon isolant thermique et acoustique. De plus, c’est une ressource accessible et renouvelable. Contrairement au bois, la paille ne nécessite pas particulièrement de traitement.

 

Cependant, les bottes de paille pèsent lourd et pour un remplissage efficace, il en faut de très épaisses. Enfin, certaines colles utilisées pour souder les panneaux de paille peuvent être chimiques.

 

  • Le chanvre

Cette plante est intéressante car sa croissance ne nécessite pas (ou peu) d’engrais et est plutôt rapide. Dans le domaine du bâtiment, ce sont surtout les fibres et les chènevottes (semblables à des copeaux) de la plante qui sont utilisées.

 

La fibre permet d’obtenir de la laine de chanvre, disponible sous plusieurs formes (laine, panneaux rigides… etc.). La fibre de chanvre est utilisée pour l’isolation des murs, des combles et des toitures..

 

La chènevotte peut s’appliquer en vrac à l’isolation des murs et des combles. Elle peut également permettre d’obtenir (grâce au mélange avec un liant) du mortier, de l’enduit ou du béton de chanvre. Ces derniers peuvent être utilisés pour l’isolation des murs et des sols (béton) et pour le revêtement de façades intérieur ou extérieur (mortier et enduit).

 

Ce matériau a de nombreux avantages tels qu’une régulation efficace de l’humidité, des performances thermiques et acoustiques élevées, une résistance importante au feu (du béton de chanvre notamment) … etc. De plus, le chanvre peut être produit localement et sans difficultés ni engrais.

 

Cependant, le béton de chanvre a un temps de séchage plutôt long et des retardateurs de feu (qui sont des produits chimiques néfastes) peuvent se trouver dans la laine de chanvre.

 

  • La laine de mouton

La laine de mouton utilisée dans le bâtiment est une laine qui n’est pas propre à l’usage de l’industrie textile. Une fois lavée, le matériau est travaillé pour permettre d’obtenir de la laine en vrac, des rouleaux et panneaux ou encore des écheveaux.

 

En vrac, la laine peut s’appliquer à l’isolation des murs ou des combles.

En rouleaux ou panneaux, la laine peut s’appliquer à l’isolation des murs, des combles et des rampants de toiture.

L’écheveaux de laine peut être utilisé pour le calorifugeage de tuyaux et de gaines ou pour du calfeutrage.

 

Les avantages de la laine sont ses bonnes performances thermiques et acoustiques d’une part, sa capacité de régulation de l’humidité d’autre part. De plus, c’est un matériau qui ne s’enflamme pas facilement et même s’il prenait feu, sa fumée n’est pas toxique.

 

Néanmoins, la laine doit être traitée, avec des procédés toxiques, contre les mites. Aussi, elle dégage une odeur légère et, contrairement aux matériaux cités précédemment, la laine n’influence pas le confort d’été.

 

 

  • Le liège (naturel ET recyclé) 

Le liège peut être issu de bouchon de liège recyclé ou de l’écorce du chêne-liège directement. Il est ensuite broyé. Le broyage permet d’obtenir des granulats de liège. Ces derniers sont utilisés pour le remplissage de caissons pour les combles ou les murs. Incorporé à du béton, il permet de créer une chape isolante légère.

 

Les granulats peuvent également être assemblés à l’aide d’un liant et permettent ainsi d’obtenir des panneaux ou rouleaux en liège. Ces derniers sont utilisés pour l’isolation des planchers, des murs (intérieur et extérieur), des combles et des rampants de toiture.

 

 

Les matériaux biosourcés cités sont les plus couramment utilisés. Mais il en existe d’autres : le lin, le miscanthus, les plus de canard… etc.

 

Les matériaux recyclés

Les matériaux biosourcés recyclés sont principalement issus du réemploi de tissus, de papiers et de cartons.

 

Il existe 2 principaux matériaux recyclés dans le bâtiment :

 

  • La ouate de cellulose

Ce matériau est composé de papiers journaux recyclés. Ces derniers sont broyés et permettent d’obtenir de la ouate de cellulose en vrac ou en panneaux.

 

Sous forme de panneaux, la ouate de cellulose est utilisée pour l’isolation des murs et des combles.

En vrac, elle est appliquée en voie sèche (soufflage dans les combles, insufflation dans les caissons de murs ou planchers) ou en voie humide (projection sur les murs, flocage en sous-face de planchers).

 

Ce matériau présente des performances acoustiques, thermiques et d’absorption de l’humidité élevées. En plus d’être issus du recyclage, sa fabrication n’use que peu d’énergie.

 

Néanmoins, c’est un matériau très inflammable donc traité chimiquement. De plus, sa mise en place crée de la poussière et le matériau peut dégager des odeurs et des substances chimiques (à cause de l’encre présent dans la ouate).

 

Il est tout de même important de noter que les déchets de journaux sont recyclés à seulement 50%. Il existe donc un potentiel de filière à explorer !

 

  • Le textile recyclé

Les sources de textiles sont les chutes de tissus de l’industrie ou les vêtements usagés déposés dans des bennes de tri. Le textile est effiloché et traité puis les différents tissus (acrylique, coton et laine) sont mélangés à proportions constantes. Ensuite, avec l’ajout de polyester, les textiles mélangés sont thermoliés.

 

Cela permet d’obtenir des rouleaux et panneaux en coton recyclé. Cela sert pour l’isolation des murs, des combles et des rampants de toiture. Ou alors du coton en vrac, utilisé également pour l’isolation des murs et des combles.

 

Le textile recyclé est un bon isolant acoustique et thermique et régule l’humidité. Il est facile à poser et n’émet ni de poussière, ni de composé volatil. Néanmoins, il doit être traité chimiquement pour résister au feu et peut se tasser s’il est posé à la verticale.

 

Le pari des matériaux biosourcé pour l’environnement et le bâtiment

S’il n’y a aucune obligation pour le moment, l’usage du biosourcé est vivement encouragé par les pouvoirs publics. D’abord avec la loi de la Transition Energétique pour la Croissance Verte de 2015 (TECV), puis la loi Climat et Résilience de 2021, le ton est donné : il faut construire et rénover mieux !

 

Tous ces leviers politiques répondent aux enjeux environnementaux. Le biosourcé présente de nombreux avantages :

  • Techniques : pour l’isolation
  • Environnement : pour le stockage de CO2
  • Economique : pour le déploiement d’une filière d’avenir

 

Les avantages techniques

En plus de s’inscrire dans les grands enjeux du développement durable, le biosourcé présente deux avantages techniques considérables :

 

Les matériaux biosourcés ont un excellent déphasage thermique.

Le déphasage thermique est la capacité d’un matériau à stocker l’énergie thermique (du soleil notamment) et à la relâcher ensuite. En agissant ainsi, le matériau perméabilise l’intérieur du logement par rapport aux variations de température extérieures. Ce procédé permet donc un gain thermique important.

 

Grâce au déphasage thermique, le biosourcé apporte un confort hygrothermique.

La notion d’hygrothermie est une mesure qui s’appuie sur le taux d’humidité et la température de l’air ambiant à l’intérieur d’un logement. L’objectif de cette mesure est de trouver le confort hygrothermique optimal pour la santé des habitant∙es et du bâtiment.

Cet idéal implique : un taux d’humidité qui se situe entre 40 et 60%, une température intérieure constante (située entre 18 et 20⁰C) et un écart de température maximal de 3⁰C entre l’intérieur du logement et les parois.

 

Le stockage du carbone

L’usage du biosourcé participe à la préservation des ressources naturelles et également, au stockage de carbone atmosphérique.

 

Le stockage de carbone atmosphérique fait référence à la capture de CO2 dans l’air afin de limiter son effet négatif sur le climat. C’est un processus que la végétation et les océans accomplissent naturellement. Ils sont considérés comme des puits de carbone. Cependant, avec l’activité intense des Hommes, ils n’ont plus la capacité de tout absorber.

 

Il est donc essentiel de rééquilibrer nos émissions de CO2 et de penser des méthodes de stockage artificielles.

 

Filières d’avenir et locales

Le développement des matériaux biosourcés constitue un levier économique important. C’est une filière d’avenir grâce, notamment, aux opportunités de formation des professionnels qu’elle suppose. Les législations et réglementations mises en place par les pouvoirs publics vont permettre de proposer des solutions incitatives pour les professionnels (formations subventionnées, prime de passage au biosourcé… etc.).

 

De plus, les ressources en matériaux sont encore sous-exploitées. La France a les capacités nécessaires pour ne pas avoir à importer les matériaux.

 

Le développement du biosourcé permet d’allier les enjeux écologiques et économiques en puisant la ressource nationale :

  • 5% de la paille utilisée et retournée au sol suffirait à isoler 500 000 logements par an[1]
  • La France produit 8 000 à 10 000 hectares de chanvre par an, ce qui en fait le premier producteur européen. [2]
  • Les déchets textiles produits chaque année pèsent 600 000 tonnes alors que la production d’isolant s’élève, aujourd’hui, à environ 3 000 tonnes par an. [3]


[1] Source : étude Terracréa.

[2] Source : étude Nomadéis.

[3] Ibid.